Dans la transformation d’entreprises (vers l’agilité dans ce cas-là), il y a ceux pour qui le seul (et donc le meilleur) argument pour justifier une action mise en place ou leur comportement en général est “j’ai réussi à transformer l’entreprise A. avant”.

Vous êtes directeur ou managez un projet, devez-vous faire confiance à une personne qui se justifie de cette façon ? Est-ce vraiment pertinent ?

Je vous propose une petite étude de ce cas et de mon expérience, ayant rencontré ce genre de personnes plus d’une fois. Spoiler : ça ne s’est jamais bien fini. Voyons pourquoi.

“Réussie”

Bon déjà il faut savoir ce que ça veut dire une “transformation réussie”. Plusieurs hypothèses :

1/ C’est du bullshit. Le gars a très bien fait le consultant en brassant du vent jusqu’à se faire remplacer. Rien n’a changé dans l’entreprise.

2/ C’est du bullshit. L’entreprise s’est bien transformée, mais maintenant c’est pire. C’est du Cargo Cult (un lien d’explication en fin d’article), et “l’agilité” installée ne sert qu’à rester dans la continuité, le hype en plus, donc avec un compte Twitter qui montre, post-it sur les murs à l’appuie, combien on est agile. Mais le client est content. Ceux qui bossent, eux, moins (je vous mets en fin d’article le lien vers l’épisode de Scrum Life qui en parle).

3/ Transformation réussie. L’entreprise produit le bon produit, les utilisateurs sont contents, le client est content, les dev sont contents. Tout le monde est content.

Dans la suite de cet article, je vais être gentil je vais partir du principe que celui qui dit “j’ai réussi ailleurs”, dit vrai. Il est dans le cas n°3 (il faut quand même garder en tête que 99% du temps c’est du bullshit, soit les choix 1 ou 2).

Cours de cuisine !

À part si vous aidez exactement les mêmes personnes qui ont exactement le même problème et qui veulent aller exactement au même endroit, votre expérience précédemment réussi ne peut pas être gage de réussite prochaine.

Et même dans ce cas-là en fait, puisque si vous devez refaire exactement la même chose c’est que vous n’aviez pas réussi la première fois, non ?

Cuisinons un exemple ensemble :

Si je vous demande un dessert et que vous me rassurez en me disant que vous avez déjà fait un super gâteau au chocolat dans une autre entreprise, je vais me sentir en confiance. Surtout que je ne sais pas cuisiner, moi.

Aladdin, un des meilleurs Disney après Wall-E et Frozen, non ?

Et là, vous allez commencer à appliquer ce que vous avez fait ailleurs : votre recette qui a si bien marché. Peut-être même que vous allez utiliser une recette toute faite trouvée sur internet, histoire d’être plus … “safe” 😏.

Sauf que je ne vous fournis pas les mêmes ingrédients que la précédente entreprise, moi !

Les ingrédients dans une transformation agile sont par exemple :

  • les personnes,
  • la culture,
  • les contraintes juridiques,
  • la structure, etc.

Comment allez-vous réagir ? Je vois plusieurs options :

a/ Vous abandonnez votre recette toute faite, et vous réfléchissez à comment utiliser les ingrédients spécifiques ?

b/ Vous faites comme si. Vous jonglez, vous essayer de faire illusion; le gâteau n’est pas bon, mais vous garantissez au client que c’est parce qu’il n’est pas fini, qu’il faut attendre, jusqu’à ce qu’il en ait marre et vous vire ?

Dans mon expérience, le type de personne qui se justifie par “je l’ai déjà fait ailleurs” vont aller ver l’option “b”, car appliquer une “méthode” sans réfléchir, c’est quand même bien plus simple. Pour vous.

Ce sont les ingrédients qui en pâtissent

C’est effectivement simple pour vous, car au final, ceux qui vont devoir faire des mélanges contre nature, ceux qui vont se croire responsables de ce mauvais goût dans la bouche du client, ce sont les ingrédients.

Le Nutella c’est bon. Le saucisson c’est bon. Le Nutella au saucisson c’est moins bon. Est-ce la faute du Nutella ou du saucisson si ce mélange n’est pas à la hauteur ?

Conclusion

Parce que ça peut-être extrêmement bien comme extrêmement toxique, cet argument de “l’avoir déjà fait ailleurs” devrait être écarté complètement.

Recherchez plutôt une personne qui sait s’adapter, sans renier sur ces convictions. Ce sont ses convictions qui vous aideront à cerner la personne. Le but d’une transformation agile n’est pas de devenir agile, c’est de régler un problème culturel dans l’entreprise. Devenir agile est un moyen permettant d’arriver à régler ce problème.

Voici les liens dont je parle dans l’article :

N’hésitez pas à partager votre expérience.

photo d’illustration par Arno Smit on Unsplash